Exposition « Scènes de front » au Mémorial 14-18 Notre-Dame de Lorette

La Guerre en Ukraine sous l’œil de Youry Bilak

Le photographe franco-ukrainien Youry Bilak présente son exposition « Scènes de front » au Centre d’histoire du Mémorial’ 14-18 Notre-Dame de Lorette, du 11 octobre 2025 au 4 janvier 2026. Inspirées de 24 toiles iconiques de l’histoire de l’art, ses photographies redonnent vie aux héros anonymes de la guerre en Ukraine. Un conflit qui bouleverse le pays depuis plus de dix ans. À travers ces mises en scène puissantes, Bilak propose une autre manière de témoigner. Il souhaite dépasser l’actualité pour inscrire dans la mémoire collective le courage, la douleur et l’humanité des combattants ordinaires. Une exposition où photographie et peinture dialoguent avec l’Histoire.

Portrait de Youry Bilak

5 questions à Youry Bilak pour nous présenter son exposition

Photographier les gens, c’est sa passion ! D’origine ukrainienne, Youry Bilak a tenu à rendre compte à sa manière du conflit qui secoue le pays depuis plus de 10 ans.

1. Qu’est-ce qui vous a amené à devenir photographe ?

La photographie est arrivée très tôt dans ma vie. Je me souviens que mon père avait toujours un appareil photo en main : un 6×9. Il m’a offert cet appareil et j’ai pris plaisir à photographier. Ma première paie m’a permis de m’acheter un Minolta SRT 100X. Et depuis j’ai toujours photographié tout en étant prothésiste dentaire puis danseur dans la comédie musicale Cabaret de Jérôme Savary. J’ai shooté toutes les phases de l’élaboration du spectacle : de sa création jusqu’à sa promotion et mon œil s’est affiné. J’ai voyagé un peu partout dans le monde : au Maroc, au Canada, en Géorgie… J’ai progressivement décidé de mettre les accents sur mes origines. J’ai vécu, à plusieurs reprises entre 2005 et 2011, parmi les mineurs de charbon ukrainiens dans l’Est et l’Ouest du pays. Cela a été le point de départ de « Mineurs d’Ukraine ». Un hommage exposé dans plusieurs régions en France depuis 2011 ainsi qu’au Centre Historique de Lewarde. Puis, j’ai continué à me rendre en Ukraine pour poursuivre mon travail.

2. Dans l’exposition « Scènes de front », vous prenez le parti de vous inspirer d’œuvres iconiques de la peinture. Pourquoi ?

Je ne suis pas un reporter de guerre, je ne fais pas de la photo pour illustrer l’actualité, qu’on consomme au jour le jour. À quoi servent mes photos si elles se retrouvent dans un journal jeté à la poubelle juste après sa lecture ? Je veux dépasser le portrait, apporter de la profondeur à mes œuvres. J’adore la peinture mais je ne sais pas peindre. Je m’inspire donc de cet art pour que mes photos restent pérennes. Certaines images étaient préméditées, d’autres sont nées d’une rencontre ou d’un lieu. Passer par l’art est un moyen de faire parler de ce qu’il se passe en Ukraine de façon plus durable qu’un article de presse.

3. Comment procédez-vous pour mettre en scène vos photos et les personnages ? Quelle est la part d’improvisation ?

Pendant la période de Pâques, j’ai fait la connaissance d’un prêtre qui m’a emmené au sein de la 30e brigade. On est passé de position en position avant de dormir dans un baraquement. Les soldats étaient ensemble pour partager le repas de Pâques et La Cène de Léonard de Vinci s’est offerte à moi. Cette photo n’a pratiquement pas été mise en scène. En revanche, une infirmière m’a inspiré Le Cri, célèbre peinture d’Edvard Munch. Elle n’arrivait pas à exprimer ce qu’elle ressentait, je trouvais la symbolique très forte. Je l’ai énervée pour qu’elle rentre dans le personnage.

4. Pourquoi ce choix d’exposer sur des caisses de munitions ?

C’était une volonté de retourner sur le front pour embarquer des caisses de munitions vides. Je les ai démontées, certaines planches avaient encore des impacts d’obus. Le support donne encore plus de sens à ces images, c’est une façon de les pérenniser et de leur permettre de témoigner encore et toujours de ce qu’il se passe en Ukraine.

5. Quel est le message que vous voulez faire passer avec ces images ?

Je suis issu d’une famille ukrainienne. À l’origine, je comblais un déficit de communication car les médias s’intéressaient davantage à la Syrie et non à l’Ukraine. Je suis surtout en admiration devant ces gens qui ne sont pas des militaires de carrière. Ils sont mécaniciens, menuisiers mais donnent tout pour défendre leur famille et vivre à nouveau dans un pays libre.

En pratique

L’exposition est visible du 11 octobre 2025 au 4 janvier 2026 au Centre d’Histoire du Mémorial 14-18 Notre-Dame de Lorette
102 rue Pasteur à Souchez
03 21 74 83 15
Entrée libre

Jusqu’au 11 novembre
Du mercredi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h et le week-end de 11h à 13h et de 14h à 18h

A partir du 12 novembre et jusqu’au 4 janvier
Du mercredi au dimanche de 13h à 17h

Fermé les lundis et mardis et en janvier.

 

Programmation autour de l’exposition